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Science fiction

dimanche 17 avril 2016

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 Étymologie et origine

Source Wikipedia

Le terme français « science-fiction » a pour origine le terme anglais science fiction qui est apparu pour la première fois en 1851 sous la plume de William Wilson dans un essai intitulé A Little Earnest Book Upon A Great Old Subject1. Mais il ne s’agissait alors que d’un usage isolé. En janvier 1927, on trouve dans les colonnes du courrier de Amazing Stories la phrase suivante : « Remember that Jules Verne was a sort of Shakespeare in science fiction. »2 Mais c’est en 1929, à la suite de l’éditorial d’Hugo Gernsback dans le premier numéro du pulp magazine intitulé Science Wonder Stories, que le terme commence à s’imposer aux États-Unis, aussi bien dans les milieux professionnels que chez les lecteurs, remplaçant de facto d’autres vocables alors en usage dans la presse spécialisée comme « scientific romance » ou « scientifiction »3.

Dans son essai intitulé On The Writing of Speculative Fiction, publié en 1947 dans Of Worlds Beyond, l’auteur américain Robert A. Heinlein plaida en faveur du concept de « speculative fiction »4, ou fiction spéculative réaliste5 pour se démarquer des récits de fantasy qui paraissaient encore à l’époque sous l’étiquette générale de science fiction. Si le néologisme de Robert A. Heinlein connut un grand succès jusque dans les années 1960, le terme de science fiction s’est toujours maintenu comme référence. Exemple : Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley est un roman de type science-fiction.

Dans le monde francophone, le terme de science-fiction s’impose à partir des années 19506 avec pour synonyme et concurrent direct le mot anticipation. Précédemment, il s’agissait plutôt de « merveilleux scientifique » ou de voyages « extraordinaires ». Si le mot anglais original s’écrit le plus souvent science fiction, le mot français s’orthographie avec un trait d’union : science-fiction. L’abréviation française S.F., ou SF, est devenue courante à partir des années 19706.

 Définitions et fonctionnement

Une représentation répandue que l’on trouve dans les dictionnaires dépeint la science-fiction comme un genre narratif qui met en scène des univers où se déroulent des faits impossibles ou non avérés en l’état actuel de la civilisation, des techniques ou de la science, et qui correspondent généralement à des découvertes scientifiques et techniques à venir. Cette description générale recouvre de nombreux sous-genres, comme la hard science-fiction, qui propose des conjectures plus ou moins rigoureuses à partir des connaissances scientifiques actuelles, les uchronies, qui narrent ce qui se serait passé si un élément du passé avait été différent, le cyberpunk, branché sur les réseaux, le space opera, la speculative fiction, le planet opera, le policier/science-fiction et bien d’autres. Cette diversité de la science-fiction rend sa définition difficile. Mais, bien qu’il n’existe pas de consensus à propos d’une définition de la science-fiction (en) (presque tous les écrivains ont donné leur propre définition), on admet généralement que certains mécanismes narratifs caractéristiques doivent être présents dans une œuvre pour que l’on puisse la classer dans ce genre. Ainsi, The Cambridge Companion to Science Fiction8 propose-t-il une synthèse de ces caractéristiques par la formulation de plusieurs réquisits dont l’absence semblerait interdire de parler de science-fiction.

L’expérience de pensée : le récit de science-fiction est toujours un que se passe-t-il si... ? C’est une fiction spéculative qui place les idées au même plan que les personnages.

La distanciation cognitive : le lecteur doit être embarqué dans un monde inhabituel.

« C’est notre monde disloqué par un certain genre d’effort mental de l’auteur, c’est notre monde transformé en ce qu’il n’est pas ou pas encore. Ce monde doit se distinguer au moins d’une façon de celui qui nous est donné, et cette façon doit être suffisante pour permettre des événements qui ne peuvent se produire dans notre société - ou dans aucune société connue présente ou passée. Il doit y avoir une idée cohérente impliquée dans cette dislocation ; c’est-à-dire que la dislocation doit être conceptuelle, et non simplement triviale ou étrange - c’est là l’essence de la science-fiction, une dislocation conceptuelle dans la société en sorte qu’une nouvelle société est produite dans l’esprit de l’auteur, couchée sur le papier, et à partir du papier elle produit un choc convulsif dans l’esprit du lecteur, le choc produit par un trouble de la reconnaissance. Il sait qu’il ne lit pas un texte sur le monde véritable. »

— Philip K. Dick, lettre du 14 mai 19819

L’activité de compréhension du lecteur : elle fait suite à la distanciation. Le lecteur doit reconstruire un monde imaginaire à partir de connaissances qui ne relèvent ni du merveilleux ni du religieux, mais de théories ou de spéculations scientifiques, même s’il s’agit de connaissances qui violent les principes de nos connaissances actuelles. Ce monde inhabituel n’étant pas donné d’un coup, le lecteur doit se servir pour cela d’éléments fournis par l’auteur (objets techniques spécifiques, indices de structures sociales particulières, etc.). Ainsi, elle se distingue nettement de la fantasy, genre qu’elle côtoie dans les rayons des librairies, ce qui n’empêche pas l’écrivain Terry Pratchett de déclarer avec humour : « La science-fiction, c’est de la fantasy avec des boulons. »10

Les références à un bagage culturel commun : le vocabulaire et les thèmes de la science-fiction font partie d’une culture familière au lecteur qui lui permet de s’y reconnaître.

 Science-fiction et prospective

Pour Yannick Rumpala 11 la science-fiction peut être un matériau dans le processus de connaissance de la prospective. Comme la prospective elle construit et diffuse des représentations du futur. Les prospectivistes ne sont pas forcément les mieux placés pour imaginer les conséquences et implications des développements techniques. Ils peuvent aussi avoir tendance à éliminer des hypothèses dérangeantes. La science-fiction est plus à l’aise dans l’exploration imaginaire et moins sujette à des préventions. La mise en récit ou la mise en images facilite les expressions et alerte sur des tendances jugées inquiétantes. Au delà de littérature d’évasion la science-fiction peut être considérée comme une littérature d’idées12.

 Sous-genres

Article détaillé : Genres de science-fiction.

Hard science-fiction

Article détaillé : Hard science-fiction.
Couverture du Galaxie no 140, par Philippe Legendre-Kvater (janvier 1976).

Une définition de la hard science fiction, ou hard SF, fut proposée par l’écrivain américain Allen Steele en 199213 : « La hard SF est une forme de littérature de l’imaginaire qui se construit autour de la science établie ou de son extrapolation prudente. » L’expression fut utilisée pour la première fois en 1957 par P. Schuyler Miller dans un compte-rendu de Islands of Space de John W. Campbell, publié dans la revue Astounding Science Fiction14. Ce genre est représenté par exemple par les œuvres de Arthur C. Clarke, Stephen Baxter et Greg Egan.

Voyage dans le temps

Le voyage dans le temps peut être un genre à part entière, ou l’un des thèmes d’une œuvre. Ce genre affronte les problèmes liés aux paradoxes temporels, comme le paradoxe du grand-père, mais peut amener à des réflexions sur certains événements historiques lorsque, par exemple, un personnage crée l’histoire qu’il voulait en fait observer, comme dans Voici l’homme de Michael Moorcock. Le classique du genre est La Machine à explorer le temps de H. G. Wells.

Uchronie

L’uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. Un exemple est Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick. Le Steampunk est, par exemple, une forme d’uchronie rétro-futuriste, principalement caractérisée par les œuvres de Jules Verne ou de H. G. Wells.

Cyberpunk

L’appellation cyberpunk est apparue dans les années 1980. Elle désigne un sous-genre de l’anticipation, elle-même sous-genre de la science-fiction, décrivant un monde futuriste de manière dystopique (négative). Le cyberpunk met souvent en scène un futur proche, avec une société technologiquement avancée (notamment pour les technologies de l’information et la cybernétique). Parmi les principaux écrivains cyberpunk, on peut citer William Gibson, et plus particulièrement son roman Neuromancien (1984), ou Neal Stephenson.

Space opera

Les récits de space opera articulent leur intrigue autour de voyages interplanétaires ou interstellaires. Dans ces récits, les théories d’astrophysique croisent les protocoles des récits d’aventures maritimes et en reprennent généralement le lexique (vaisseau, flotte...)15. Une part non négligeable de ces récits relève également de la science-fiction militaire. Ces récits, où la possibilité des déplacements à très longue distance est centrale, permettront le développement du thème d’empire interstellaire ou galactique.

Le Space opera apparaît en France notamment avec la Roue Fulgurante de Jean de la Hire en 1908 puis dans les années 1920 avec les romans de l’auteur américain Edward Elmer Smith, notamment La Curée des astres (1928), puis à une plus grande échelle dans Triplanétaire (1934) qui ouvrait le Cycle du Fulgur16. Après la seconde guerre mondiale, le space opera deviendra un genre prisé de la télévision, avec des séries comme Star Trek (États-Unis, 1964) de Gene Roddenberry et Cosmos 1999 (Angleterre, 1975) de Gerry Anderson. Pour le cinéma, le genre connaîtra un succès retentissant en 1977 avec le film La Guerre des étoiles (renommé Star Wars : A New hope lors de sa seconde parution au cinéma en 1997) (États-Unis, 1977) de George Lucas, premier volet de la trilogie originale Star Wars, puis quatrième volet de l’hexalogie du même nom. En 1997, le film Stargate est à l’origine de la série Stargate SG-1 (et de trois séries dérivées) qui connaîtront un grand succès populaire tout au long des années 2000.

Coté littérature, le genre se porte bien dans les années 2000 et 2010 avec des grands auteurs et des œuvres majeures au premier rang desquels Dan Simmons (cycles Hypérion et Endymion, Ilium et Olympos), Peter F. Hamilton (cycles L’Aube de nuit, L’Étoile de Pandore, La Trilogie du vide), Alastair Reynolds (cycle des Inhibiteurs), David Weber (cycle Honor Harrington) et John Scalzi (cycle du Vieil Homme et la Guerre).

Space fantasy

Les récits qui mêlent à des univers de Space opera certains éléments typiques de la fantasy : magie, quête initiatique, atmosphère de conte. Ce genre peut réunir aussi bien les univers futuristes façon Warhammer 40000, où eldar et orques se battent à bord d’immenses machines de guerre, que d’autres plus étranges comme Spelljammer, où elfes, nains et humains explorent l’espace à bord de navires magiques, dépourvus de la moindre trace de technologie. Un cycle présentant les caractéristiques de la space-fantasy peut également évoluer en planet-opera fantasy (citons les cycles de Ténébreuse et la Ballade de Pern par exemple).

Planet opera

Les récits de planet opera ont pour décor une planète étrangère aux caractéristiques déroutantes et mystérieuses, où les principaux personnages ont pour mission d’explorer et de découvrir sous tous ses aspects (faune, flore, ressources). La trilogie d’Helliconia en est l’exemple canonique.

Science-fiction post-apocalyptique

 Histoire

Histoire officielle

L’Histoire de la science-fiction fait l’objet d’une version officielle, qui se ramène en général à des étapes standards : précurseurs, fondateurs, âge d’or, renouveau et diversification. Cette Histoire officielle est une simplification qui reflète mal la complexité du genre17. Elle peut également occulter le fait que de nombreux aspects de l’Histoire de ce genre (comme les raisons sociales, économiques, culturelles de son développement dans tel pays) n’ont pas fait, ou très peu, l’objet d’études approfondies. Les études de la science-fiction en tant que littérature à part entière sont également peu nombreuses.

« Précurseurs »

De même que par un débat sans fin on tente de définir la science-fiction, ses historiens ne sont pas toujours d’accord sur les origines du genre, et c’est un poncif de l’histoire officielle de la science-fiction de rechercher dans les écrits les plus anciens les origines de ce genre. Ainsi, pour certains, cela commence très tôt avec les mythes et les religions. D’autres voient les Histoires vraies, de Lucien de Samosate, comme le premier ouvrage relevant du genre18. Ses voyages extraordinaires auront une très longue postérité. Mais cette archéologie se heurte à une objection :

« L’erreur de tout historien de la science-fiction est de négliger qu’il ne peut y avoir de science-fiction (même baptisée « anticipation scientifique ») tant qu’il n’y a pas de sciences, et même de sciences appliquées19. »

D’autres, c’est le cas de Brian Aldiss dans son essai Trillion Year Spree, considèrent que le premier roman de science-fiction n’est autre que le roman Frankenstein de Mary Shelley. C’est du moins le premier ouvrage dans lequel un auteur prétend créer une histoire fantastique qui ne relève pas de la pure fantaisie ou du surnaturel : « The event on which this fiction is founded has been supposed, by Dr. Darwin, and some of the physiological writers of Germany, as not of impossible occurrence. »

Parmi les précurseurs sont souvent cités :

Lucien de Samosate (125-192), Histoire véritable
Thomas More (1478-1535), Utopia, 1516
Francis Godwin (1562-1633), Man in the Moon, 1638
Johannes Kepler (1571-1630), Somnium, 1634
Cyrano de Bergerac (1616-1655), Histoire comique des États et Empires de la Lune et Histoire comique des États et Empires du Soleil (satiriques), 1627
Voltaire (1694-1778), Micromégas, (relate l’arrivée de géants provenant de Saturne et Sirius), 1752
Louis-Sébastien Mercier (1740-1814), L’an 2440, rêve s’il en fut jamais, 1771
Mary Shelley (1797-1851), Frankenstein, 1818
Edgar Allan Poe (1809-1849), Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall, 1835
C. I. Defontenay (1819-1856), Star ou Psi de Cassiopée, 1854
Edward Page Mitchell (1852-1927), The Ablest Man in the World, 1874
Auguste Villiers de l’Isle-Adam (1838-1889), Ève future (apparition du premier androïde), 1886
Ievgueni Zamiatine (1884-1937), Nous autres (première œuvre dystopique, ou de contre-utopie), 1920

« Conjecteurs rationnels »

Un train aérien. Illustration de La fin du monde de Camille Flammarion. 1911.

L’histoire officielle de la science-fiction désigne deux pères fondateurs de la science-fiction moderne : Jules Verne (1828-1905) avec De la Terre à la Lune en 1865 ou Vingt mille lieues sous les mers en 1870, et H. G. Wells (1866-1946) avec notamment La Machine à explorer le temps (1895), L’Homme invisible (1897) ou La Guerre des mondes (1898). Ces auteurs ne sont cependant que deux auteurs d’une époque qui voit fleurir de nombreux romans d’anticipation scientifique. Cette floraison est favorisée par l’alphabétisation de la fin du XIXe siècle et le développement d’une littérature populaire diffusée par des revues.

Edward Everett Hale (1822-1909), dont The Brick Moon (1869) et sa suite Life on the Brick Moon, mettent en scène le premier satellite artificiel ;
le capitaine Danrit (1855-1916), qui explora les thèmes du militarisme, de la guerre et du colonialisme à travers le roman d’anticipation : La Guerre de demain (1888-1893), La Guerre au XXe siècle : L’invasion noire (1894) ;
les frères Boex (1856-1940, 1859-1948), qui écrivirent ensemble sous le pseudonyme J.-H. Rosny jusqu’en 1908 (avant de poursuivre leur œuvre séparément sous les noms de J.-H. Rosny aîné et J.-H. Rosny jeune). L’aîné est, entre autres, l’auteur de Les Xipéhuz (1887) et La Mort de la Terre (1910). En 1925, J.-H. Rosny aîné crée le terme astronaute dans son roman Les Navigateurs de l’infini ;
Edgar Rice Burroughs (1875-1950) et son héros John Carter dans le Cycle de Mars ;

Parmi les auteurs d’environ trois mille “romans scientifiques” écrits en français entre 1860 et 1950 20, on signalera : Maurice Renard, Gustave Le Rouge, Léon Groc, Régis Messac (Quinzinzinzili), Jacques Spitz (L’Œil du purgatoire), Théo Varlet, Jean Ray, René Barjavel et Olivier de Traynel.

Âge d’or

Si la science-fiction a vu le jour en Europe et s’est bien développée en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, ce sont les États-Unis, entre 1920 et 1955, qui donneront au genre son « âge d’or ». Ce déplacement de l’Europe aux États-Unis peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’une part, la presse populaire en Europe est plus exposée à la censure liée aux publications pour la jeunesse ; d’autre part, la littérature, en France particulièrement, est fortement hiérarchisée entre une littérature distinguée et une littérature de masse21. Un autre facteur est l’industrialisation de la presse, qui permet des publications bon marché et à gros tirage. C’est à ce moment que se multiplient les revues spécialisées de science-fiction qui suivent la tradition des pulps (revues populaires de faible qualité et très peu chères). Citons parmi les premières du genre Weird Tales, née en 1923 ; Amazing Stories, née en 1926 ; Wonder Stories, née en 1929 ; Astounding Stories, née en 1930. Aux États-Unis, plus de 30 revues existeront simultanément. L’édition sous forme de livres des textes de science-fiction est plus tardive, et se manifestera plus particulièrement après la Seconde Guerre Mondiale, avec le livre de poche, et dans des pays dont l’industrie favorise ce type de format au détriment de la revue, comme la France. Elle précède de peu la disparition de nombreuses revues.

Certains auteurs et critiques, comme Serge Lehman, voient cependant là une sorte d’« amnésie » frappant la production française. Dans l’anthologie Chasseurs de chimères (2006), Lehman rassemble des textes tels que la nouvelle de J.-H. Rosny aîné, Les Xipéhuz (1897) ; l’épopée spatiale de Jean de La Hire, La Roue fulgurante, parue dans Le Matin en 1907 ; La Découverte de Paris, d’Octave Béliard, parue dans Lectures pour tous (1911) ; le roman de Maurice Renard, Le Péril bleu (1912), racontant la rencontre avec une autre espèce ; Les Signaux du Soleil (1943) de Jacques Spitz, etc. Le magazine Sciences et voyages publie ainsi plusieurs nouvelles au cours de la première moitié du XXe siècle, tandis que le Prix Jules-Verne récompense divers auteurs de 1927 à 1933 puis de 1958 à 1963. Après la Seconde Guerre mondiale, la France découvrira la SF américaine, notamment sous l’influence de Boris Vian et Raymond Queneau 22.

Le support de parution périodique (revue, pulp) a fortement marqué le genre. Le format et la périodicité ont fait que beaucoup de nouvelles et de courts romans (novellas) ont été écrits. Les œuvres longues n’étaient que le fait des auteurs les plus célèbres et paraissaient par épisodes, ce qui n’était pas sans conséquences sur le texte puisque les auteurs devaient s’y adapter. De ces premiers magazines spécialisés ont émergé la plupart des principaux écrivains classiques de science-fiction : Howard Phillips Lovecraft, Isaac Asimov, Frank Herbert, Ray Bradbury, Arthur C. Clarke, Frederik Pohl, Robert A. Heinlein, Alfred Bester, A. E. van Vogt, Clifford Donald Simak, Theodore Sturgeon, etc. Si cette période voit apparaître les auteurs de référence, les productions habituelles n’en sont pas moins médiocres :

« [...] très vite les magazines se multiplient. Ils visent d’abord un public populaire et sacrifient la qualité littéraire ou même la vraisemblance à la recherche du sensationnel [...]. »23

Elle est aussi marquée par son temps, en particulier dans les années 1930-1940 où à travers les poncifs du genre transparaissent des thèmes nationaux et populistes :

« On définit souvent ainsi la « dernière » époque Gernsback : des récits sans véritable rigueur narrative, où les aventures s’enchaînent de façon simpliste, où la « conjecture » est réduite à un changement de décor et l’altérité des peuples et planètes extra-terrestres, simplifiée en « danger universel » ; un merveilleux scientifique proche du scientisme et s’encombrant moins de rigueur que de brillant ; une action frénétique mise au service d’une morale réactionnaire. »24

La science-fiction n’échappe pas non plus à l’influence du nazisme (voir Science-fiction et nazisme). Cette période fut aussi marquée par l’émergence du cinéma, né en 1895. Celui-ci se tournera très tôt vers la science-fiction et le fantastique, avec Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902) et les films de l’expressionnisme allemand, comme le Nosferatu (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) de F.W. Murnau (1922) et Metropolis de Fritz Lang (1927). Parmi les films majeurs de cette période, on peut citer Frankenstein (James Whale, 1931), King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933), qui étonna par ses effets spéciaux, Le Jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still, Robert Wise, 1951 — qui réalisera plus tard le premier Star Trek, le film) et Planète interdite (Forbidden Planet, Fred M. Wilcox, 1956). Mais il ne faut pas oublier une production plus populaire mais aussi emblématique, caractérisée (avant l’ère de la télévision) par les serials, films découpés en épisodes, dont les héros s’appelaient Flash Gordon (1936, 13 épisodes) ou Buck Rogers (1939, 12 épisodes).

La bande dessinée ne fut pas en reste, avec l’explosion des comics comme Buck Rogers et Flash Gordon, et ceux qui sont consacrés aux super-héros (Superman, Batman, Wonder Woman (de la DC Comics), ou bien encore Spider-Man, les Quatre Fantastiques, les X-Men (de la Marvel)). En France, de 1953 à 1962, les publications Artima développèrent ce genre dans des publications de kiosque, avec des histoires originales (Meteor, Atome Kid), et des traductions de matériel britannique (La Famille Rollinson dans l’espace) ou américain (Aventures Fiction, Sidéral, etc.).

Mutations des années 1960-1970

Article détaillé : Nouvelle vague (science-fiction).

Illustration de couverture du Galaxie bis no 45 (1975).

Depuis les années 1960-1970 émerge une science-fiction différente, moins narrative, influencée par la contre-culture et les sciences humaines. Elle porte un regard critique sur notre société et propose souvent une réflexion sur les problèmes contemporains (écologie, sociologie, rôle des médias, sexualité, drogues, rapport au pouvoir, aux nouvelles technologies, à l’histoire). Elle est ancrée dans son temps et ses problématiques, tout en restant œuvre d’évasion. Elle sert aussi d’exutoire comme le fut La Guerre éternelle de Joe Haldeman, roman dans lequel l’auteur exorcise sa guerre du Viêt Nam. Cela n’empêche pas les éditeurs de continuer à publier une science-fiction purement distractive.

La science-fiction a également exploré d’autres voies à travers l’expérimentation stylistique. Au Royaume-Uni, la new wave est née autour de Michael Moorcock et sa revue New Worlds. Brian Aldiss et J. G. Ballard, dont le roman Crash est un bon exemple des recherches formelles poursuivies par cette école. Judith Merril a popularisé le genre aux États-Unis, sans toutefois employer le terme New Wave25. En France, Michel Jeury s’est inspiré du Nouveau Roman dans Les Singes du temps et Le Temps incertain.

Actuellement

Depuis lors, la science-fiction est un genre riche et diversifié. Elle mêle des œuvres de grande qualité (et a gagné ses lettres de noblesse littéraires avec des auteurs comme Ray Bradbury) à de la « littérature de gare ». Parmi les auteurs contemporains, on peut citer entre autres Orson Scott Card, Dan Simmons, Iain M. Banks, Alastair Reynolds ou encore Peter F. Hamilton. Le Français Alain Damasio, propose quant à lui une science fiction libertaire et militante en réaction face aux sociétés de contrôles et à émergence des réseaux sociaux.

Les sous-genres, évoqués au début du texte, se sont aussi multipliés et de nouveaux continuent d’apparaître.

Nouvelle géographie

La science-fiction a aussi étendu son essor géographiquement, bien au-delà des États-Unis. On a vu, par exemple, une « nouvelle vague » de science-fiction française dans les années 1970 (avec, entre autres, Pierre Pelot (alias Pierre Suragne), Jean-Pierre Andrevon, Gérard Klein (également responsable de la collection Ailleurs et Demain des éditions Robert Laffont, qui a beaucoup fait pour donner à cette littérature ses lettres de noblesse), Michel Jeury, Philip Goy, Dominique Douay, Pierre Bordage et Ayerdhal ou encore Philippe Ebly (pour les enfants et adolescents des années 1970 et 1980). Et aussi René Barjavel qui excelle dans ce domaine. On compte aussi de nombreux auteurs de talent dans les pays de l’Est (rarement traduits en français) avec à leur tête le Polonais Stanislas Lem (Stanisław Lem) et les frères russes Arcadi et Boris Strougatski.

Si en France les revues spécialisées n’ont jamais joué un rôle de premier plan, comme aux États-Unis, elles n’en existent pas moins. Parmi les principales, on peut citer Galaxies, Bifrost, Fiction, Khimaira, Lunatique, Science fiction magazine, Solaris, Univers.

Cinéma et séries d’animation

Article détaillé : Chronologie du cinéma de science-fiction.

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Actuellement, la science-fiction est toujours bien présente. Dans le monde francophone, particulièrement en France et au Québec, l’usage de l’anglicisme sci fi26 est très courant pour décrire ce genre cinématographique. Grâce au cinéma le lectorat a grandement augmenté et les romans de science fiction représente aujourd’hui une industrie hautement lucrative. La science-fiction est d’ailleurs un des genres majeurs du cinéma, soit sous la forme d’adaptations d’œuvres littéraires, soit sous la forme de créations originales. Le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès est ce que l’on peut considérer comme le premier film de science-fiction. Parmi les films importants qui imposèrent un certain nombre de standards, on peut retenir 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick, La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner, Star Wars (1977) de George Lucas, Alien - Le huitième passager (1979) et Blade Runner (1982) de Ridley Scott, Mad Max (1979) de George Miller. Évidemment, il faut aussi citer la série britannique Doctor Who apparue en 1963 et existant toujours aujourd’hui, qui est la plus longue série télévisée de science-fiction et a inspiré de nombreux auteurs de science-fiction. Les années 1980 peuvent être considérés comme la décennie de la science-fiction ; les plus grands exemples de sa popularité mondiale sont certainement E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg et la trilogie de Retour vers le futur de Robert Zemeckis. La série télévisée Star Trek (datant de 1966) fut remise à la mode grâce à une série de films dérivés.

Le cinéma de science-fiction s’est considérablement diversifié à partir des années 1990 avec Jurassic Park de Steven Spielberg, ainsi qu’Independence Day et Stargate (1994) de Roland Emmerich. Ce film engendra les séries à succès Stargate SG-1, Stargate Atlantis et Stargate Universe (respectivement, à partir de 1997, 2004 et 2009). La combinaison avec la comédie fut de nouveau possible grâce à Men in Black de Barry Sonnenfeld, et le drame catastrophe avec Armageddon de Michael Bay. Plus récemment[Quand ?], Matrix de Lana et Lilly Wachowski ouvrit une nouvelle ère pour la science-fiction, avec pour thème le danger d’un monde informatisé. Cela n’empêcha pas les retours aux sources avec le remake La Guerre des mondes (d’après H. G. Wells) et Minority Report (d’après une nouvelle de Philip K. Dick) ; deux films réalisés par Steven Spielberg, l’un des maîtres incontestés du genre. L’idée perçue du film de science-fiction est souvent associée à une débauche d’effets spéciaux, mais il existe des films dits de « science-fiction minimaliste », qui mettent en scène la fiction sans aucun effet spécial, uniquement en jouant avec le cadrage, la mise en scène, le jeu d’acteurs et la musique ; citons, par exemple, La Jetée de Chris Marker (1962), Solaris et Stalker d’Andrei Tarkovsky (1979), Le Trésor des îles Chiennes de François-Jacques Ossang (1990), ou encore Cypher (film, 2002) de Vincenzo Natali, FAQ : Frequently Asked Questions de Carlos Atanes (2004) et Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (Gattaca, 1997).

Concernant le cinéma d’animation, les Japonais occupent une place prépondérante tant au cinéma qu’à la télévision (on parle d’anime ou de manga eiga pour désigner ces réalisations), avec notamment des réalisateurs comme Leiji Matsumoto (univers d’Albator et ses dérivés), Katsuhiro Otomo (Akira) et Mamoru Oshii (Ghost in the Shell). Mais des réalisations françaises (Le Secret des Sélénites ou Les Fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image, Gandahar de René Laloux), ou bien américaines (Métal hurlant), font partie intégrante du développement de la science-fiction dans le cinéma d’animation. La déferlante des séries d’animation japonaises (parfois coproduites avec des Français ou des Américains), qui constituèrent l’essentiel des programmes « jeunesse » de la télévision française durant la décennie 1978-1988, contribua largement à populariser le genre en France, bénéficiant d’une diffusion médiatique de masse sur des chaînes hertziennes (TF1, Antenne 2, FR3, puis La Cinq) aux heures de grande audience. De ce fait, des séries telles que Goldorak, Capitaine Flam, Albator, Il était une fois... l’Espace, La Bataille des planètes et Ulysse 31 ont marqué une génération d’enfants des années 1980.

Bande dessinée

En bande dessinée, la science-fiction est l’occasion de développer des univers esthétiques fabuleux.

Aux États-Unis, après l’explosion des comics comme Buck Rogers et surtout Flash Gordon d’Alex Raymond (1934). Les précurseurs français sont Raymond Poïvet et Roger Lecureux avec les Pionniers de l’Espérance (1945), Marijac et Auguste Liquois ou Pierre Duteurtre avec Guerre à la Terre publié par Coq hardi (1946/47) et Kline avec Kaza le Martien parut dans l’hebdomadaire OK (Belgique), de 1946 à 1948. Cette bande dessinée s’inspirait de Flash Gordon. En 1947 au Québec, le journal Le Progrès du Saguenay publie la première bande dessinée de science-fiction du pays : Les Deux Petits Nains, du jeune Paulin Lessard. Il est difficile de ne pas parler d’Edgar P. Jacobs, dont Le Rayon U fut publié en 1943. À la fin des années 1940, il crée la série des aventures de Blake et Mortimer, un classique du genre.

Il y eut ensuite Barbarella (1962) de Jean-Claude Forest, Les Naufragés du temps (1964) de Paul Gillon et Jean-Claude Forest, Lone Sloane (1966) de Philippe Druillet, Luc Orient (1967) d’Eddy Paape et Greg et enfin et surtout Valérian, agent spatio-temporel devenu plus tard Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières, Pierre Christin et Evelyne Tran-Lê (de 1967 à aujourd’hui) qui popularisa le genre science-fiction en bande dessinée. Christin et Mézières souhaitaient que les aventures de Valérian et Laureline soient aussi des histoires de politique-fiction (écologie, relation de classes ou de travail, féminisme, syndicalisme, etc.) plutôt situées à gauche27 mais non directement ou ouvertement politique comme il peut y en avoir dans Charlie Hebdo28. Mézières fut largement pillé par les décorateurs et les costumiers de George Lucas, qui possédait, entre autres, nombre des albums de Valérian dans sa bibliothèque, pour Star Wars (1977)29,30.

Roger Leloup est un scénariste et dessinateur belge dont une partie de la série Yoko Tsuno se déroule dans un univers empreint de science-fiction. Certains albums des Aventures de Tintin et Milou peuvent être classés dans la catégorie « science-fiction », par exemple On a marché sur la Lune, qui raconte, avec quinze ans d’avance, le premier voyage sur la lune, ou Vol 714 pour Sydney, qui fait intervenir des extraterrestres. Parmi les grands créateurs du genre, on compte beaucoup de dessinateurs et de scénaristes français ou travaillant en France, notamment ceux qui gravitent autour du journal Métal hurlant ; citons, par exemple, Enki Bilal, Caza, Philippe Druillet, Alejandro Jodorowsky, Olivier Ledroit, Moebius et Olivier Vatine. De même avec le magazine bimensuel Ère Comprimée avec Dick Matena, Rafa Negrete ou encore Cacho Mandrafina.

On trouve également François Bourgeon avec Le Cycle de Cyann, une série qui invente une civilisation avec des mœurs, une faune et une flore parfaitement structurés.

Aux États-Unis, on peut citer Alex Raymond, Richard Corben, Frank Miller, et les Britanniques Simon Bisley, Pat Mills (scénariste) et Alan Moore (scénariste).

En 1950, Frank Hampson créa pour le magazine britannique Eagle, Dan Dare, Pilot of the Future.

Les mangas (bandes dessinées japonaises) exploitent elles aussi énormément les thèmes de la science-fiction et du fantastique. Citons par exemple Go Nagai, Katsuhiro Otomo et Masamune Shirow.

 Fandom, lectorat et prix littéraires

La littérature de science-fiction a généré une importante activité : du fait de sa publication relativement marginale, elle a très tôt suscité la création de formes d’institutionnalisation qui lui étaient refusées par la littérature « distinguée » et la critique littéraire source de légitimité. Des communautés d’initiés se sont créées : l’expression fandom de la science-fiction ou fandom SF fait ainsi référence à la communauté de gens dont l’un des intérêts principaux réside dans la science-fiction, ces personnes étant en contact les uns avec les autres en raison de cette passion commune. La notion de fandom31 est donc associée à celle de sous-culture, dont la spécificité « science-fictionnesque » a été interrogée par des acteurs de ce domaine, tels Gérard Klein32 ou Philippe Curval33.

Des prix littéraires ont aussi été créés, d’abord par les amateurs de science-fiction, puis par des éditeurs qui ont marqué une professionnalisation du genre. Les plus importants de ces prix sont les prix Hugo et Nebula pour les États-Unis et pour la France le Grand prix de l’Imaginaire et le prix Rosny aîné.

D’après certaines enquêtes, le lectorat de la science-fiction serait majoritairement composé de garçons, collégiens ou lycéens34. Des études sociologiques plus rigoureuses suggèrent en revanche que le genre n’est pas le critère dominant, la SF étant, à l’école, la littérature privilégiée des bons élèves et issus de milieux aisés35 de même que ses lecteurs adultes disposent d’une éducation supérieure à la moyenne, technique ou non36.

 Sélection d’œuvres

Littérature

1650 - Histoire comique des États et Empires de la Lune, de Savinien Cyrano de Bergerac
1818 – Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley
1864 – Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne
1895 – La Machine à explorer le temps, de H. G. Wells
1931 – Le Meilleur des mondes, de Aldous Huxley
1943 – Ravage, de René Barjavel
1945 – Le Monde des Ā, de A. E. van Vogt
1948 – 1984, de George Orwell
1950 – Chroniques martiennes, de Ray Bradbury
1951 – Fondation, d’Isaac Asimov
1963 - La Planète des singes, de Pierre Boulle
1965 – Dune, de Frank Herbert
1969 - Ubik, de Philip K. Dick
1971 - Le Fleuve de l’éternité, de Philip José Farmer
1973 - Le Temps incertain, de Michel Jeury
1974 - Le Monde inverti, de Christopher Priest
1989 - Hypérion, de Dan Simmons
1999 - La Zone du dehors, d’Alain Damasio